Visiter Ibiza autrement ou ma semaine détente sur l’île de la débauche

Visiter Ibiza sous un autre angle que celui des boîtes de nuit et de l’agitation touristique? Se détendre à Ibiza, l’idée peut sembler étrange… Pourtant c’est possible, et nous l’avons fait en louant une maison une semaine, ma bande de copines et moi, au nord-est de l’île! Mais je n’en dis pas plus, le récit de nos vacances et de nos visites ci-dessous.

Une semaine de détente à Ibiza, vraiment?

Force est de constater que lorsqu’on envisage une semaine de détente et d’exploration en douceur, il existe une certaine probabilité qu’Ibiza ne soit pas la toute première destination qui s’impose à l’esprit. Disons qu’elle est susceptible d’arriver à peu de chose près… après toutes les autres!  J’avais pour ma part des visions de tourisme de masse,  de fête partout tout le temps et de bombes sexuelles siliconées qui dansent en maillot de bain sur la plage au milieu d’adolescents surexcités, cheveux gominés et lunettes de soleil dernier cri en place. Ajoutons à ça des entrées de boîtes à 100 euros et des videurs pas très rigolos qui nous forceraient à mettre autre chose que des tongs par 30 degrés parce que « tenue correcte exigée, s’il vous-plaît ». Car non, les strings de pieds, on peut pas, mais par contre danser en string c’est super! Bref, j’avais ce qu’on peut appeler quelques légers a priori sur Ibiza. Je sais, les a priori, c’est mal (auto-claque sur la main, je ne le ferai plus).

Mais alors, Marie-No, pourquoi diantre te fourrer dans cette galère, me diras-tu? Un p’tit côté masochiste? Remontons quelques mois plus tôt…

Et si on partait toutes ensembles?

L’idée de partir une semaine entre amis et de louer une maison quelque part au soleil a germé lors d’un apéro estival entre nanas sur le balcon d’une copine. On parlait vacances, mer, bronzage, farniente, quand l’une d’entre nous, tout en piochant négligemment dans les cacahuètes, a suggéré:

« -Tiens, et si on partait toutes ensembles l’été prochain? »

Et voilà, l’idée était lancée. Clairement, l’objectif était la détente, le bord de mer, les p’tits barbecues et la rigolade entre amis… Les vacances dans le sens le plus strict du terme: mojitos, piscine, oisiveté, refaire le monde au son des criquets… Seul effort autorisé (et bienvenu), allumer les braises pour les grillades et quitter un instant sa chaise longue pour préparer les cocktail ou chercher les bières au frais. Mais pas trop longtemps, et à tour de rôle, par souci d’équité et pour éviter le surmenage. On a décidé de regarder chacune de notre côtés des destinations qui nous plaisaient et de nous réunir quelques semaines plus tard pour faire un debriefing et organiser nos vacances toutes ensembles.

On loue une maison?

J’avais entendu parler du site homelidays.com qui propose des locations de maison un peu partout en Europe, et on a commencé à pianoter sur nos claviers respectifs en quête de l’endroit parfait pour nous.

Les maisons de rêve défilent sous nos yeux… C’est assez chic d’affiner la recherche en fonction des prestations souhaitées: on peut sélectionner ‘ne montrer que les maisons avec piscine’, ‘piscine commune ou privée’ (privée, s’il vous plaît!), ‘mer à proximité’ (oui!), ‘distance de la mer’ (moins de 200m, ça fatigue de marcher sous le soleil!), ‘le propriétaire vit sur place’ (euh, non merci, ce serait un peu comme avoir papa-maman dans les parages), ‘climatisation’ (oui!), maison en vis-à-vis (non, détente, on a dit!), ‘serviteurs qui nous éventent avec une feuille de bananier’ (oui!). Bon ok, j’exagère un poil!

Mais en gros on se la pète grave avec des exigences  qu’on ne s’autoriserait même pas en rêve dans la vraie vie. L’avantage de ce genre de plan est que la maison a un coût fixe, et que dès lors le prix individuel diminue en fonction du nombre de locataires. Donc il suffit de la remplir (si possible avec des gens sympas, ou alors avec une piscine suffisamment volumineuse pour noyer les indésirables) et hop, à nous la villa de luxe!

Nous avons ainsi fait une présélection d’une cinquantaine de maisons: Crète, Grèce, Corse, Italie, Costa Brava et…Ibiza. Cette dernière, dont le palmier près de la piscine sera par la suite affectueusement nommé Gustave, a fait l’unanimité. Ibiza, donc!

Visiter Ibiza: le nord-est de l’île

Sant Carles et son marché hippie

Première bonne surprise et coup de pied dans mes idées préconçues: la villa se situe au nord-est de l’île, dans un coin préservé et encore sauvage, pas envahi par les touristes et ayant conservé un vrai charme authentique. En louant une voiture, on peut y accéder sans trop de mal et être libre de nous rapprocher à tout moment de la civilisation et de l’animation des soirées ibiziennes (parce que quand-même, on ne part pas pour une retraite en silence).

Le village à proximité de notre maison s’appelle Sant Carles. Un joli petit village très tranquille pour la haute saison, à une vingtaine de minutes en voiture de la ville d’Elveissa (ou d’Ibiza, mais indiqué Elveissa sur les panneaux) et de l’aéroport. Plusieurs restaurants à l’allure fort sympathique s’y trouvent, mais on n’en a testé aucun, tant il nous était psychologiquement difficile de quitter notre coin barbecue près de la piscine.

Tous les samedis, un marché hippie (Las Dalias) y prend vie. On y trouve de tout, chaussures, habits, bijoux, à des prix plutôt corrects, dans une ambiance zen et décontractée. Le mercredi, c’est à Es Canar (ville plus touristique située à un quart d’heure environ de Sant Carles) qu’a lieu le plus grand marché de l’île. Pour ma part, j’ai préféré celui de Sant Carles, pour l’atmosphère et parce qu’il y fait beaucoup moins chaud. Et puis, le propriétaire de la maison nous a raconté, tout ému, qu’il y avait rencontré sa compagne, ce qui en a fait un lieu hautement romantique à nos yeux…

Les plages tranquilles du nord-est

J’avoue ne pas me souvenir des noms de toutes les plages et criques que nous avons foulées, mais ce dont je me rappelle avec exactitude, c’est des multiples ‘oooooh’ et ‘aaaaaah’ prononcés tous les dix mètres, tant la région est magnifique. Il suffit de longer la côte pour tomber sur des plages plus belles les unes que les autres.

• Cala Mastella: en partant de San Carles, on s’enfonce un peu plus encore dans la nature  pour finalement aboutir à la plage Cala Mastella qui se trouve à 200 mètres de notre maison. Cala Mastella est une petite crique peu fréquentée, avec une mini-plage et une mini cabane où acheter des trucs à grignoter et à boire. Si on escalade et longe les rochers qui partent de la plage, on arrive à un restaurant. Pas testé, cf raison précédemment citée (le barbecue est décidément fortement addictif), mais l’endroit est situé dans un cadre charmant et la carte des mets semblait plutôt alléchante (principalement du poisson). Qu’on est loin de l’agitation de la ville d’Elveissa. Ici, presque personne, et les rochers encerclant la plage forment un petit cocon bien agréable. On y fera quelques pic-nics en fin de journée.En continuant plus au nord à partir de Cala Mastella, on longe la mer avec une vue à couper le souffle! Nous nous sommes déplacés en voiture, mais j’ai pu observer pas mal de chemins de randonnée dans le coin (avis aux amateurs).
• Cala Boix: à 10 minutes en voiture de San Carles, entourée par de hautes falaises, et accessible par des escaliers plutôt escarpés. On y est allé en fin de journée, et il y avait pas mal de zones ombragés, du coup, puisqu’on est à l’est. Il y a des restaurants sur place.
• Pou D’es Lleo : nous avons vu cette plage uniquement depuis la mer lors d’un tour en bateau avec le proprio. Il s’agit d’une crique faite de rochers orangés spectaculaires!

Pour ceux qui voudraient plus d’infos sur les plages d’Ibiza, ce lien peut être utile.

Admirer le soleil se coucher au son des tam-tam à Benirras

Suivant les conseils avisés du propriétaire, nous somme parties dimanche en fin de journée en direction de la plage de Benirras, plus au nord. Chaque fin de semaine, les jeunes -principalement la communauté hippie- s’y retrouvent pour admirer le coucher de soleil au son des tams-tams. L’idée nous plaît!

Par contre, lorsqu’il nous en a parlé, il a spécifié quelque-chose au sujet de la voiture, et de ne pas arriver trop tard, mais personne ne se souvenait clairement du contenu. Qui pourtant était d’une importance capitale, comme nous allions le constater plus tard.

En arrivant à quelques kilomètres de la plage, on nous dirige vers un champ en nous stipulant que la route est fermée. C’est exactement à ce moment-là que les paroles du proprio nous reviennent très clairement en mémoire:

« n’y allez pas après 16 heures, car la route sera fermée et vous devrez parcourir plusieurs heures à pied ».

Voilà pourquoi il peut être utile parfois d’ouvrir ses oreilles. Nullement découragées, on se lance bravement en direction de la plage, en regardant le soleil avec angoisse, espérant ne pas arriver trop tarde et rater sa rencontre avec la mer. Je garde un magnifique souvenir de cette marche vers le soleil, ça avait quelque chose de très poétique. Nous avons parcouru les derniers mètres en courant, pour finalement nous arrêter, le coeur battant à 100 à l’heure, fatiguées mais soulagées d’être arrivées à temps. Devant nous, un ciel ensanglanté et majestueux et une foule réunie pour lui rendre hommage.

Visiter Ibiza: tour de l’île en bateau

Faire le tour de l’île en bateau me semblait être une bonne solution pour en admirer la diversité et la beauté. Et surtout, j’adore le bateau et quand je serai grande, j’en aurai un!

Le propriétaire de notre maison proposait justement ce service. Lui, c’est un peu le genre Crocodile Dundee physiquement, mais version hippie. On passera des heures sur le bateau, captivées, à l’écouter nous exposer son parcours de vie et sa philosophie de l’existence. Il dégageait une grande paix et une énergie positive très communicative.

Nous jetons l’encre dans une petite crique complètement déserte, et inaccessible par voie terrestre pour une session de snorkeling (masque et tuba, et on observe ce qui se passe en dessous de nous). Fin de journée, coucher de soleil, le silence absolu, un paysage à couper le souffle et à donner des frissons. Cerise sur le gâteau, le propriétaire sort une petite bouteille de blanc et des tapas, ce qui a achevé de faire de lui mon héros pour la vie.

On saute à l’eau, et le proprio lance de la nourriture autour (et sur) nous, ce qui attire tout un tas de petits poissons gourmands que l’on peut observer avec notre masque et tuba. Une question me vient à l’esprit, pertinente, me semble-t-il, dès l’instant où nous nous trouvions précisément au centre du ban de poissons:

 « les petits poissons affamés mangent la nourriture jetée par le proprio, ok. Mais qui mange les petits poissons affamés qui mangent la nourriture jetée par le proprio? »

Finalement saines et sauves, on décide de nager jusqu’aux rochers pour les escalader. Plus on montait, plus le bateau devenait petit. On était pieds nus et je me souviens encore de la sensation du sable chaud et tout doux. C’était pas vraiment des rochers, mais une sorte de roche friable beige-orangée, toute lumineuse. On est finalement arrivées en haut, et on s’est assises les pieds dans le vide. Et tout autour de nous, la mer à perte de vue. Le soleil au loin, le bateau minuscule, et personne d’autre que nous. Je crois que c’est un des plus beaux moments de ma vie…. J’ai ressenti une émotion intense qui m’a presque donné envie de pleurer. Ce genre d’instants où tu as l’impression d’être exactement à l’endroit où tu dois être et que tout est parfait. Je mangeais le paysage des yeux. En fait je me sentais à la fois seule au monde et en même temps complètement partie du monde. Et que le monde m’appartenait. C’est difficile à décrire. J’avais envie de crier très fort à quel point la vie était belle!

On n’est pas des Ermites non plus!

Un petit paragraphe de conclusion pour souligner que nous avons bien sûr aussi profité des soirées à Ibiza. Je ne développe pas cet aspect ici, car mon but principal était de montrer que c’est une île avec de multiples facettes, et qu’il est dommage de s’en priver pour ne se focaliser que sur celle qui saute aux yeux de prime abord! Peut-être que certains parmi vous veulent en savoir plus sur les soirées et les boîtes de nuits à Ibiza, ils trouveront des infos utiles ici.

Généralement, je préfère éviter de retourner aux mêmes endroits lorsque je planifie mes vacances. Or, nous sommes reparties l’année suivante pour Ibiza, exactement dans le même coin, et nous avons refait le même tour en bateau, en nous exclamant tout autant que la première fois. Comme quoi, y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis!

Un dernier hommage à feu Gustave, le palmier près de la piscine, qui a été coupé entre nos deux visites. Paix à ton âme et merci pour l’ombre fournie gracieusement aux vacanciers tout au long de ta vie.