Un like = ma reconnaissance éternelle

Russie
octobre 23, 2015 posté par Marie-No

Mongolie: expédition chez les nomades du parc Gorkhi Terelj

Mongolie: expédition chez les nomades du parc Gorkhi Terelj

expedition mongolie nomadesTout d’abord, désolée d’avoir classé cet article sous « Russie », ce n’est que par souci pratique, n’ayant qu’un article sur la Mongolie, et cette halte à Oulan-Bator faisant partie de notre traversée en transmongolien au départ de Moscou à destination de Pékin. Nous ne resterons en Mongolie que 6 jours avant de poursuivre en direction de la Chine. Dans un territoire aussi immense, 6 jours c’est court.

Nous décidons de partir 2 jours avec un guide en expédition dans le parc national Gorkhi Terelj, afin de découvrir les paysages un peu plus en profondeur, si possible du côté des nomades, et de dormir et manger chez l’habitant. De nombreux circuits sont proposées par les auberges et agences d’Oulan-Bator. Les tarifs varient entre 5o et 100 dollars par personne et par jour, ce qui comprend l’essence, le guide, le logement et la nourriture. Notre budget étant de 30 euros par jour, nous faisons un petit écart en nous offrant cette excursion, mais rester à Oulan-Bator durant les 6 jours de notre escale n’aurait eu que très peu d’intérêt.

Oulan-Bator: Gana’s guesthouse

Notre première impression de la Mongolie en descendant du train est qu’il fait froid.  Au mois d’octobre, les touristes ont quitté ou quittent petit à petit le territoire. L’estomac à peine ressuscité suite à l’ingestion du porc cru ukrainien (lire l’article à ce sujet), me voilà terrassée par un gros refroidissement. Plus tard, nous constaterons que tout le monde tousse, par ici, donc c’est vraiment super de se sentir locale.

Nous logeons au Gana’s Guesthouse, du prénom de son fondateur  Gana, comme il nous l’expliquera lui-même. L’auberge est chouette, nous avons une chambre pour 2 avec salle de bain privée et petit déjeuner pour moins de 10 euros par personne. Un vrai luxe par rapport à nos dortoirs précédents… Seul bémol, le froid dans les chambres et les parties communes. La maison est mal isolée, l’humidité s’infiltre (flaque permanente sur la moquette de notre chambre) et les chauffages ne sont pas très efficaces. Aujourd’hui, on nous a suspendu un poster décoratif chauffant, il nous a fallu un moment avant de comprendre ce que c’était. Je la recommande malgré tout, pour l’accueil, l’ambiance, le prix défiant toute concurrence, et le petit déjeuner copieux. Il suffit de dormir en doudoune :). Nous rencontrons pas mal de voyageurs francophones dans l’auberge, et c’est agréable d’échanger un peu dans notre langue.

expedition mongolie nomades(2)Gana, le propriétaire de l’auberge, propose diverses expéditions pour lesquelles il sert de guide. Après un rapide comparatif des tarifs, nous décidons de partir avec lui. Deux jours c’est un peu serré pour s’enfoncer profondément en Mongolie, nous lui proposons donc de nous faire découvrir le parc national Gorkhi Terlj, dans les environs d’Oulan-Bator. Il est partant, et nous fait payer 50 dollars chacune la journée au lieu de 70 car le parc n’est pas très éloigné.

Nous découvrons le chauffeur et le minibus qui nous accompagneront dans cette aventure. Le bus des années 70 a un peu la tête de celui qui va nous lâcher après 100m, mais nous grimpons joyeusement à l’intérieur. Advienne que pourra ! A peine sortis d’Oulan Bator, les paysages se révèlent. Plaines, troupeaux de yacks et moutons, chevaux , yourtes et maisons colorées. C’est magnifique !

Le minibus s’engage dans un chemin caillouteux et s’enfonce dans la campagne. Secouées telles des maracas congelés (la fenêtre est ouverte), nous essayons tant bien que mal de prendre des photos.

Notre premier thé salé au lait de yack sous la yourte

expedition mongolie parc ghorkiAprès une heure environ, nous faisons notre première halte dans une yourte (chez la belle-sœur de Gana le guide) pour boire le fameux thé salé mongol au lait de yack qui nous sera servi à chaque visite plus tard dans la journée. Le goût est particulier, plutôt fort mais pas mauvais, même si après 2 jours nous n’en pouvons plus, par manque d’habitude. Petite parenthèse pour lever un premier malentendu. Nous avons régulièrement demandé à notre guide de quelle bête provenaient le lait et la viande (Chantal ne mange pas le mouton), et il répondait à chaque fois « beef, beef ». Il nous a fallu un petit moment pour comprendre que « beef » dans sa conception c’est l’équivalent de « yack », alors que « beef » chez nous c’est l’équivalent de « beef ». Et que yack et beef, ça n’a vraiment PAS le même goût. Pour décrire le parfum du yack (le goût, pas le parfum qu’il porte au printemps pour séduire la yackette), je dirai que c’est à mi-chemin entre le bœuf et le mouton, ou plutôt un tiers bœuf, 2 tiers mouton. Bref c’est fort en goût.

Après cette petite précision qui a toute son importance, retournons quelques instants du côté de notre yourte mongole dans laquelle nous sommes en train de prendre le thé. Quelques minutes après nous être assises, j’entends un discret

« J’me sens pas bien »

de la part de Chantal. Je jette un œil vers elle, puis je suis la direction de son regard. Notre hôtesse, assise près du feu et du thé (au centre de la yourte) est en train de malaxer un organe de mouton, tout en mélangeant le thé de sa main libre. Vous me direz : « mais…  Marie-Noëlle, par Toutatis, comment diantre sais-tu qu’il s’agit d’un mouton ? Tu frimes là ou quoi… ». Hé bien figurez-vous que nous l’avons assez rapidement compris, puisque la tête du mouton était posée non loin de là, attendant d’être vidée et lavée elle aussi. Avec sa copine tête-de-yack juste à côté.

Grillades au feu de bois

grillades feu de bois mongolieQuelques gorgées de thé salé, un trempage de lèvres dans un shot de vodka (il est 10h30, mais apparemment c’est comme ça par ici) 6 organes et une tête de mouton lavés plus tard, nous réintégrons le bus et poursuivons la « route » à destination de l’endroit où nous dormirons plus tard. En chemin, notre guide nous fait voir des lieux de prières bouddhistes (cailloux empilés sur lesquels les gens accrochent des tissus, ainsi qu’un arbre lui aussi orné de tissus colorés). Au loin nous pouvons voir des aigles décrire de larges cercles. Pas un son… le paysage est à couper le souffle, et nous marchons un peu, avant de nous arrêter pour manger dans une belle clairière ensoleillée. Grillades au feu de bois de mouton et de poulet (alleluia) et pommes de terres-carottes (alleluia bis). Enfin, quand je dis « grillades », la viande et les légumes sont bouillis dans une grosse casserole sur le feu.

En Mongolie, les légumes sont rares et chers. La nourriture de base est la viande (surtout yack et mouton, mais aussi chameau, poulet), servie sous forme de grillades, de beignets frits, de ravioli. Rien n’est jeté de la bête, aucun gaspillage. Du lait, on en fait du yoghourt séché, du beurre, de la crème-beurrée (je ne sais pas comment mieux nommer cette pâte qu’on nous a servie), de l’alcool de lait fermenté, et plein d’autres choses encore. Les femmes nomades que nous avons rencontrées  fabriquent tout ceci elles-mêmes, pendant que leur homme s’occupe du bétail. Je suis très admirative. La vie n’a pas l’air facile pour eux, et les températures baissent jusqu’à -30 degrés en hiver.

Mongolie: expedition à la rencontre des nomades de la montagne

Après leexpedition mongolie habitant repas, nous allons chercher une petite vieille dame pour la conduire dans les montagnes rendre visite à son fils, nomade. Nous dormirons chez elle ce soir, car elle vit seule, ses 4 garçons travaillant loin et son mari étant décédé d’une chute à cheval 10 ans plus tôt. Gana nous fait visiter notre yourte pour la nuit, puis nous nous lançons sur les pistes mongoles, notre nouvelle copine souriante à bord. Le minibus secoue tellement que j’ai peur de voir la vieille petite dame se faire expulser. Ceci dit, elle en a vu d’autres, je pense, et si quelqu’un doit se retrouver catapulté, ce sera  certainement Chantal ou moi, ou les 2 en même temps !! (finalement nous dormirons dans la petite maison en photo ci-contre plutôt que sous la yourte, j’explique la raison plus tard).

Le trajet est épique. Nous franchissons 4 rivières avec notre bus, que je n’imaginais pas waterproof. Je pense que voir notre transsibérien décoller m’aurait moins surprise que la perspective de traverser une rivière avec cet engin. Sur les 4 tentatives, une se soldera par un semi-échec et nous resterons quelques minutes plantées au milieu de l’eau, à attendre que le chauffeur (alias « Crocodile Dundee ») enfile ses bottes de caoutchouc et sorte faire un truc pour redémarrer la bête métallique. Finger in the nose !

Nous perdons la piste à plusieurs reprises (si j’avais pensé un jour dans ma vie écrire cette phrase) et demandons notre chemin à des cavaliers et à un enfant-motard qui désignent parfois un caillou, parfois un arbre. Apparemment ça parle à notre chauffeur puisqu’il s’engage sans hésitation en direction de… nulle part pour nous, mais sûrement quelque part pour lui. Et si c’est quelque part pour lui, cela devient quelque part pour nous !

Au bout de quelques heures,yoghurt seche mongolie-nomades nous atteignons notre destination, une yourte isolée en haut de la montagne. Nous y rencontrons le fils et la belle-fille de notre dame vieille petite et buvons à nouveau du thé au lait salé en mangeant des biscuits. Nous goutons une pâte de crème-beurre ou de beurre-crème qui s’étale sur du pain. C’est bon, mais ils en mettent une couche si épaisse…  On sent qu’ici le gras c’est la survie. Nous qui n’y sommes pas autant habituées (bien qu’un énorme Big mac de temps à autre..) avons des difficultés à suivre le rythme. Mais bien sûr on se force un peu, pour ne pas heurter nos hôtes.

Ils font circuler une coupelle remplie d’un liquide transparent et nous invitent à le boire. C’est de l’alcool, assez doux, un peu comme du petit lait. Il s’agit du fameux lait de yack fermenté, et j’aime bien. En parlant de yack (oui, je suis assez douée en transitions, merci), notre guide nous fait sortir car l’éleveur est en train de faire descendre son troupeau pour la nuit. Nous contemplons ces grosses vaches poilues défiler alors que le soleil disparait derrière la cime des montagnes.

Notre guide nous presse un peu, probablement qu’ils souhaitent atteindre le village où nous allons dormir avant la nuit tombée. Peu motivées à nous perdre dans la foret glaciale, nous remontons rapidement dans le minibus-warrior, devenu notre héros pour toujours depuis l’épisode de la rivière.

Notre soirée chez l’habitant, ou comment Pierre Bachelet s’est glissé sous la yourte

(Oui, je sais, ce titre interpelle, mais vous allez comprendre)

expedition en mongolieLe soir venu, nous mangeons des raviolis de mouton cuisinés par vieille la dame dont je n’ai malheureusement pas su retenir le prénom. Le goût est fort en bouche. Chantal n’ose pas demander de quelle viande il s’agit et préfère avaler péniblement ses raviolis dans l’ignorance (et la souffrance car au fond elle savait). Même moi qui n’ai pas de rejet particulier vis-à-vis du mouton trouve le goût trop prononcé. Le guide nous explique que notre hôtesse est une cuisinière retraitée, elle travaillait pour un hôtel de la région. Son mari décédé était un très bon ami, chasseur de métier.

Une petite déception nous attend lorsqu’il est temps de préparer les lits, car tous jugent qu’il fait trop froid pour nous laisser dormir seules sous la yourte. Nous logerons donc dans la maison de la petite dame, et eux 3 iront sous la yourte voisine. Ils nous y invitent pour partager un verre de vodka.

Après le repas, nous voilà donc assis autour d’une petite table sous une splendide yourte mongole, éclairée à la bougie. Devant nous, une bouteille de vodka et un reste de lait de yack fermenté stocké dans une bouteille en pet. Seul le guide parle anglais, le chauffeur connaît 1 ou 2 mots, et la vieille dame petite pas du tout. Après quelques minutes de tentatives de discussion, Chantal lance, dans son merveilleux enthousiasme candide :

« Oh, can you sing a mongolian song to us? »

Le chauffeur entonne une chanson traditionnelle, la mélodie est belle et sa voix aussi. C’est un moment très intense, je sens l’émotion monter, ici au milieu de nulle part, à la lueur de la petite bougie. Il termine son chant, et le silence se fait sous la yourte. Un silence qui s’installe et devient un peu pesant. Je réalise que tout le monde regarde Chantal, et soudain nous comprenons qu’elle a mis en route un engrenage infernal. Selon la tradition, nous allons devoir chanter chacun notre tour une chanson, boire le verre de vodka en entier puis servir la personne suivante qui chantera à son tour. Et ainsi de suite. Toute la timidité du monde s’abat sur nous ! Le cerveau se bloque, ni Chantal ni moi n’arrivons à penser à des chansons. En plus, le jeu va durer jusqu’à la fin de la bouteille, nous expliquent-ils, il n’y aura PAS QU’UNE CHANSON par personne! Ce qui pour eux est une routine de soirées fera partie de nos plus grands moments de solitude.

Vous dire avec exactitude ce qu’on a chanté, très honnêtement je ne sais plus. Il y a eu Cabrel, Goldmann, la petite sirène (je n’oublierai JAMAIS Chantal et « ce rêêêêêve bleeeeeeeeu »). Au bout de quelques shots de vodka je me suis risquée à placer un petit « elle est d’ailleurs » de Pierre Bachelet, comme clin d’œil aux copines (hein dis les copines ?). Ils ont beaucoup aimé « mon mec à moi » de Patricia Kaas et « sensualité » d’Axelle Red. Les chansons mexicaines de Chantal ont-elles aussi connu un franc succès. La petite dame vieille souffrait d’une extinction de voix alors il était difficile pour elle de chanter, mais ils nous ont dit qu’en temps normal sa voix était sublime. Leurs chants sont très beaux, mélodieux, et on a aussi eu droit à un ou deux rock’n roll, yeah baby! Voilà. Au final ce fut un moment riche, mais quand-même, la prochaine fois que j’entends Chantal demander une chanson à quelqu’un je lui colle une droite. 😉

Mongolie : le parc national Gorkhi Terlj

turtle rock parc ghorki mongolieLe lendemain, nous partons visiter la partie plus touristique du parc national. Pour rejoindre nos yourtes d’hier nous avons parcouru des chemins hors sentiers battus (ou hors piste battue), et là nous atteignons des routes goudronnées. Le paysage est très différent, les yourtes-hôtel défilent et la plaine est parsemée de rocs gigantesques impressionnants.  Le guide nous prend un ticket pour aller visiter un temple bouddhiste. Le chemin jusqu’au temple monte lentement le long de la montagne et est parsemé de phrases méditatives. J’apprécie ce moment paisible et contemplatif, nous sommes les seuls visiteurs et le lama nous accueille avec chaleur dans son temple. Le silence est si puissant que le vol d’un moineau nous fait sursauter. Je réalise à quel point le bruit permanent dans lequel on vit nous cache ces petits détails merveilleux.mongolie musee

Après quelques beignest de yack frit dégoulinants d’huile, nous visitons le musée en l’honneur de l’empereur Genghis Khan, dont le bâtiment est surplombé d’une immense statue à son effigie. Arrêt chez un ami du guide à Oulan-Bator pour manger du poulet frit et des légumes frais (concombres et tomates, ô miracle). Chantal venait de me glisser à l’oreille une heure avant qu’elle rêvait de concombre et de tomates, je pense donc que je voyage avec une magicienne, et me réjouis de lui commander une fondue à l’occase.

A propos de l’auteur

Article par Marie-No dont le voyage et le dessin sont deux grandes passions. Sur ce blog, ses carnets de route et son tour du monde 2015-2016.

Voir tous les articles de Marie-No

Derniers articles

  • Salar d’Uyuni: 4 jours d’excursion depuis Tupiza
  • San Carlos de Bariloche et la route des 7 lacs
  • Copacabana et l’isla del Sol
  • Itinéraire Bolivie
  • 15 règles pour survivre lors d’un long trajet en bus
  • Itinéraire Cambodge
  • Itineraire Laos
  • La Gibbon experience, ou ma vie de guenon dans la jungle
  • Itinéraire Patagonie
  • El Calafate et le glacier Perito Moreno
  • El Chalten mon coup de coeur en Patagonie
  • Mon coup de cœur pour le Myanmar (Birmanie)

6 commentaires

  • Superbes articles… On rit beaucoup, et on découvre des tas de choses, quand on les lit en famille avec Arthur et Méline! Merci pour ce voyage par l’écriture…

    • Oh merci Gaby!!! ça me fait trop plaisir. Des becs à vous tous!

  • ……il y des images de votre tour de chant sous la yourte?
    ….j’adore le récit de cette aventure mongolienne….génial…bravo!!!!!

    • Pas d’image sous la yourte. C’était un instant très solennel, on n’a pas osé. 🙂 Merci de nous suivre hihi

  • Génial, vous nous avez bien fait rire. Marie-No tu est une rédactrice née !!!
    Je reconnais bien Chantal et ses super idée. On a l’impression d’y être.
    Gros becs à vous !
    Pati et Antonio

    • Hey merci mille fois, ça fait très plaisir! Oui Chantal a assuré sur ce coup-là et malgré le GROS malaise du moment, ça restera un vrai souvenir! 😉 Bisous à vous, Chantal vous embrasse fort aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge